“J’adhère aux valeurs anciennes, non pas parce qu’elles sont anciennes, mais parce qu’elles sont justes”.
Voici un discours que j’ai entendu il y a quelques jours. Derrière cette phrase, j’ai d’abord vu une rhétorique, une maxime presque poétique dans sa formulation.
Puis, je me suis interrogée. Ce discours traduisait en réalité le refus du progrès. Enfin, de l’évolution de nos codes, de nos normes, de nos comportements sociaux et de nos questionnements.
Le refus de la représentation.
Le refus de l’écriture inclusive (et surtout, le jugement de celles et ceux qui l’utilisent).
Le refus de l’inclusion des minorités à l’école.
Le refus des questionnements sur la notion de genre.
Le climato-scepticisme.
Etc.
Quelles sont donc les valeurs “justes” ?
Le savoir-vivre institutionnel est le descendant direct de ce point de vue.
Le rendre inclusif, c’est un pari osé.
Il a tout d’abord été pensé par et pour les privilégié.e.s. Aristocrates, bourgeois, têtes couronnées.
Les personnes qui détenaient les capitaux et les richesses.
Les codes sociaux, c’étaient leur manière de se différencier de la plèbe et d’adopter un langage social qui leur était propre. Créer une micro-société dans laquelle le bas-peuple ne pouvait réussir à s’introduire.
Raté. Peu à peu, le savoir-vivre s’est démocratisé. Il est sorti des murs de brocart et est arrivé jusqu’aux maisonnées les plus modestes. En écrivant cela, j’ai une pensée affectueuse pour ma grand-mère maternelle. Née en 1925, dans une famille d’agriculteurs (modeste, mais pas pauvre), elle est partie travailler à 18 ans chez une famille de la noblesse espagnole en tant que gouvernante d’enfants. Puis, tout au long de sa vie, elle a appartenu à la classe moyenne, un peu plus modeste que la normale, mais plus avantagée que celle de son enfance. Et tout au long de sa vie, elle mettra en pratique les codes, à son niveau. Jusqu’à savoir quel type de fleurs étaient préférables d’offrir selon l’occasion et le message envoyé.
Tout ça, sans renoncer à ses valeurs fondamentales. Personnelles, humaines… Et politiques.
Non, le savoir-vivre n’est pas (n’est plus) un truc de “gens de droite”.
L’histoire a fait des codes sociaux un outil de vivre-ensemble, de rassemblement de plusieurs micro-sociétés, de plusieurs cultures.
Parfois même, ils sont devenus des outils politiques.
Voilà où je souhaite les emmener aujourd’hui.
Alors, je me suis rendu compte qu’adhérer aux valeurs anciennes ne signifiait pas vouloir à tout prix renoncer à leur évolution.
Bien au contraire.
On continue d’inviter ses ami.e.s à dîner le samedi soir, mais à défaut d’envoyer une carte, on envoie un SMS.
En ce sens, moi aussi, j’adhère aux valeurs anciennes. Et j’adhère encore plus à l’idée de les mettre à la page.
On continuera de faire vivre la politesse, l’élégance, l’art de vivre et les rapports sociaux si chers à notre, nos cultures.
Mais on le fera de façon inclusive.
Le refus de l’inclusion, sous prétexte que c’est une entrave aux valeurs communes, est une première forme de déchéance politique. Il est synonyme d’intolérance, de repli sur soi et d’un esprit qui, peu à peu, se ferme à toute forme de questionnement.
Je ne veux pas de cela. A mon niveau, je veux ouvrir les regards.
Montrer un idéal plus inclusif et plus harmonieux.
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